TEXTE DE

AURÉLIE POMÈS 

Corpus Naturae par Sabrina Ambre Biller

 MAGMA DE SOI

D’emblée ce qui peut attirer le regard
ce sont ses couleurs jaunies, verdies, orangées
qui dévoilent un hors champ
des « sous » exposées à l’excès
en négatif et gorgées de lumière
d’un noir ébène à des points aveugles.
Quelque chose y est retiré
soustrait et invisible !

La peau frissonne
en « chair » de poule
animal humain.
Figées, ces sensations fugaces
évanescentes
imperceptibles
indicibles
sont habitées par celles d’un vivant
en de-hors du corps

La peau est rougeoyante
marquée
abîmée
en abyme

Elle en devient poreuse,
dévoilant en « transparence »
la matière « opaque » du corporel

Dedans et dehors se mélangent
en ici et en ailleurs

L’image déplace l’intime à l’extérieur
ou en son « étranger »

Le pubis est parsemé
de poils disséminés
Sa toison y est formée
mais ils sont indistincts
La nature habille
recouvre le corps
La photographie le « dé-couvre »
en laissant entrevoir
un duvet sur les cuisses

Quelque chose y est inattendu
inversé
délocalisé
et  apparaît
une étrangeté sexuelle

Le nu émerge et se découpe
sur un fond noir, tapi
sourd à ses côtés
un vertige
une abysse ou un « sans fond »

Deux visuels
en filigrane l’un de l’autre
Une arborescence fleurie
se dessine au centre
au premier plan

Sa forme allongée
sexe masculin
de sa lumière sous-exposée
en fane les couleurs
qui en semblent « éteintes »

Où?

Dans des lumières en déclin

Voici une branche
aux bourgeons « prêts à éclore »
mais déjà « fanés »

Quelque chose en est ôté,
de soustrait

Elle peut résonner
en empreinte
à un manque

Une tige
dont la robe des fleurs
encercle et habille
un vide ?

L’image résonne en moi et fait bruire
cette inquiétante étrangeté
de l’intime au creux de chacun
celle au rebut des images et des mots

Elle en dessine les limites
les frontières et les bordures

Elle écrit en lisière, à la frange
ou dans le creux des sillons qu’elle chemine

Elle fait naître en vous en négatif
tout comme à l’excès
ces secrets sentiers de « plaines »
comblées et désertées
dont est seule boussole
notre corps vivant ?

TEXTE DE SANDY BERTHOMIEULUMIÈRE FLORALE CRÉATRICELes rayons solaires réchauffent l’écorce, l’épiderme et les délicates pétales de cette flore sauvage en pleine efflorescence. Au printemps, cette fleur jaune, pulpeuse et généreuse égaye les paysages encore assoupis...

TEXTE DE PATRICYAN CASTETS-ROBERT" Je pense que c'est la photo du ciel du jour de ma naissance, ma mère raconte que cette image d'une division en 4 parts, l'avait beaucoup étonnée !! " Je la comprends, et même si l'on est éloigné de la roue céleste, et de son habituel...

TEXTE DE VÉRONIQUE BROSCorps fondu Gorgé de vie Nu de désirs Ciel tranché Terre meuble Berceau humide et chaud Accueil du languissement charnel de la terre et du corps Je suis l'humus Je suis la terre Je suis l'arbre au dessus de moi Je suis le ciel, la nuit, le vent...

TEXTE DE MYRIAM OHREVENIRrevenir de ses rêves les plus fousde ses peurs les plus profondes,revenir des passions les plus dévorantesdes châtiments les plus insupportables,revenir d’aussi loinqu’on s’en souvientde l’injustice de l’abandon,de l’espoir du bonheur,des...

TEXTE DE JULIETTE LOUBESSISILDepuis le début du temps j’attends Éclaboussée des saisons qui me parent Enveloppée de nuit Je rejoue l’éternité des fleurs et du feu Celle des ventres qui s’arrondissent Du lien frêle qui se tisse Des cicatrices d’un velours douloureux...

TEXTE DE .JACK ALANDATerre de nos vices – dans le creux de tes vallons ton désir ardent, souverain, si généreux, embrase et dissout le temps.

TEXTE DE MANUEL RAZAFINDRABE  20 20Lespugue, Laussel et Dolní Věstonice Ont longtemps célébré la rondeur de tes seins, L’arc de tes cuisses et la douceur de tes reins. Berceau archaïque de notre humanité, Ton ventre fécond a plusieurs fois engendré Des rêves...

TEXTE DE EVE CORNET  LA MUSE Un jeune homme a écrit un poème pour une fille qui fêtait ses seize ans : « Tel le dit Elohim, Eve naquit d’un(e) côte Et menée par la vie, sa jeunesse envolée A vivre ainsi sa vie elle fut amenée Sans que la vague pousse aux récifs de la...

TEXTE DE DAVID WICKER  Scarifié, sacrifié mais debout. Existence toujours vacillante qu’un seul battement met en route. Corps prêt à faillir, à s’échouer, à disparaître. Peut-être ? Abîme au bord duquel se dépose un temple de chairs en couleurs. Que cachent ces...

TEXTE DE ISAURE BOUSSEYROUX Sous des avalanches de brume, je m’indiffère Au Requiem grégorien et austère. La sphère Qui tourne comme un doux disque mécanique. Celui-ci accroche mes griffures cyniques. Là-haut sur le trépied de l’espérance Des scarifications exquises...

TEXTE DE NICOLAS BENDRIHEN La fleur qu’on a soufflée Se pose, hésite, s’envole à nouveau. Fin de l’été.

TEXTE DE VALÉRIE SCHLEESous les frondaisons, le périple des peaux. Dans l’inclémence des remparts, l’ombre rechigne. Glaner le dénuement, froisser le spectacle du matin entre nos mains. Se manifester dans la lumière, les yeux accrochés au fourreau du désir. Effroi de...

TEXTE DE PASCALE DRIGUEZ * Car rien ne fait naufrage ou ne se plaît aux cendres. Et qui sait voir la terre aboutir à des fruits, Point ne l'émeut l'échec quoiqu'il ait tout perdu. Je suis née du fond du fleuve Amazone Avec les miens animaux et humains Les bras du...

TEXTE DE ANTOINE VETRO Je suis Raechel. Au village on m’appelle Doctoresse. À l’université, un professeur amoureux de moi, un vieux monsieur dont le corps, chaque matin, semblait s’être reconstitué dans le musée d’anatomie, faisait Shabbat et me disait, Ardente jeune...

TEXTE DE MONIQUE DÉSORMEAUX Rêves Des branches dressées, des bras qui s’élèvent, Droits, rigueur et vigueur, venus des profondeurs du solTels des menhirs celtiques. Deux bras ou branches écartées l’un et l’autre Par un espace hexagonal. Les ailes déployées d’un...

TEXTE DE XAVIER DOUMEN Le moment d’y voir  Ça passe  À perte de vue Choses qu’on oublie  Qu’elles me traînent M’avalent, recraché Le moment d’y croire Le moment d’y croire Ça passe Ça se passe Le spectacle sous nos yeux Se frayer un passage Déverse Le moment d’y...

TEXTE DE CHRISTIAN PASTRE  ELLESource de tout physis des temps premiers force sans norme chair du monde Elle d’avant la distinction chair géante de roche et de feuille mère et fille fille et mère sainte herbe sœur granite Puissance forçant la vie désir emplissant les...

TEXTE DE JULIEN BRUN  « Un souffle s’envole Silence Errance Une caresse frivole » L’obscurité s’empare du ciel. Mes yeux se ferment. S’ouvre un monde invisible, peuplé de formes mouvantes, indécelables. Un monde empli d’offrandes, constellé de paradoxes où les mots...

TEXTE DE MARIE-LINE BIASON  ÇA SENT BON LA PLUIEDans ton ventre, ça sent bon la pluie. C’est extraordinaire cette odeur d’humidité fraîche qui se mêle aux souvenirs de la chaleur harassante qui s’évapore enfin, à l’ombre d’un instant qu’on n’attendait plus. Ça sent...

TEXTE DE AMANDINE GLÉVAREC  Je ferme les yeux, je ne suis rien. Je ferme les yeux, je ne suis rien, je suis tout, je suis toi. Je ferme les yeux, je t’entends, toi qui pousses en moi, je t’entends, toi qui vis en moi, je m’entends, moi qui bats en toi, je m’entends,...