TEXTE DE

VALÉRIE SCHLEE

Corpus Naturae par Sabrina Ambre Biller

Sous les frondaisons, le périple des peaux.
Dans l’inclémence des remparts, l’ombre rechigne.
Glaner le dénuement, froisser le spectacle du matin entre nos mains.
Se manifester dans la lumière, les yeux accrochés au fourreau du désir.
Effroi de l’attache, dépasser l’attente et oser, oser le détour,
les érectiles, un soleil et son reflet, sans ombre un instant.
Bois verts indifférents, à la volée ouvrir une parenthèse sur l’unique bémol.
Décanter les sons dans la déperdition du paysage.
Variante de la rivière, les falaises s’écartent, place aux anciens bains.
Piétinements du corps sur la pierre polie, l’eau te prend.

Les bras noués autour du corps, se traverser.
Tremper les mains dans les boulets rouges, les porter à sa bouche.
Brûler la langue, cesser de respirer.
Entre dedans et dehors, un flot circule, minuscule s’affole le petit moi.
Ne pas être entraîné dehors et vouloir se répandre.
Plus de parois nulle part, le corps tombe,
il veut tomber, il voudrait ne pas tomber,
appelle une peau pour redéfinir les contours ou un mur s’y encastrer.
Ça va s’arrêter, arrête ça mais arrête ça, revêts-moi d’une robe incarnat
serrée serre-moi, plaque tout ça au mur.

Mon corps épandu entre ta peau et la pierre,
souffler, essorer ce qui reste de langue morte.
Rase les murs, érase ma voix, timbre édenté.
N’arrivera pas le son à passer le mur.
Le dos au mur, se laisser descendre écorchée.
Plainte juste plainte, son informe, découdre ce qui voudrait sortir ensemble,
démembrer l’unité, regarder ce qui reste.
Tomber à terre : je ne meurs pas, dis-le encore, je ne meurs pas.
Lire recousue dans un cuir solide,
cueillir les feuilles de ta voix entre tes mains équitables.

Irriguée, faire entrer ta voix dans la chambre, la laisser agir sans préalable.
Se mettre dans l’angle mort, tension proche de la membrane.
Vibre la douleur dans ma voix, initiale sans appel.
Ta voix comme un gouffre, le vertige si sûr qu’elle procure.
Combiner des fins hypothétiques aux phrases pas finies.
Reprendre pied, revenir à ta voix, caresser ton visage,
ça va venir, t’aspirer par touches rapides.
Bruissant du monde en pause, place faite à l’enrouement, rester sans voix.
Une grande fatigue, le gros dos du mutisme, bientôt sans bras,
les mains inertes, tenter une consolation.

Ô le nouage sous les lambeaux des seins, l’artifice intact de la doublure des mots.
A l’endroit de la défaillance, courber la crainte,
souffler sur l’étincelle de la sécheresse.
L’allusion en réduction, le possible d’un dialogue, s’y fondre à flot, laver l’éveil.
Se dresser interloquée par la rigueur et l’irruption d’un traffic.
Dans l’instabilité du phénomène, graver les indices juste ça
et altérer l’opposition bruyante de la fable, de la fusion.
Détour en éclipse, dater la répétition, boucler le malaise.
Sur la toile dressée, poser, imposer et filer très vite,
furtive insoumise, finale des mots, pas vue pas prise et l’oubli l’oubli.

Les lèvres se déclinent en palette incomplète.
La figure refuse l’apparence de la matière.
Un éclat de côté, improbable débat, interroge la tension.
Sous la chemise du plaisir, un objet parasite la querelle de la chair
Contre l’impensable misère, dans la bouche l’accès vertical devient
le seul acte possible, frou frou de mots, un sourire vrai un sourire.
Le visage filtre une ébauche d’autre chose
non plus un mot après l’autre, non plus un mur de mots
mais la liesse du liant, la corde pour remonter ou descendre,
rejoindre l’autre colline où se suspendre à l’interligne.

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